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L’industrie a-t-elle un avenir en Europe ?

L’industrie joue un rôle essentiel dans nos économies : elle emploie 34 millions de personnes dans l’Union européenne à 25, représente 75% des exportations et 80% des dépenses de recherche et de développement. Cependant, depuis les années 1970, l’emploi industriel recule constamment et depuis les années 1990, la concurrence des pays émergents, comme la Chine et l’Inde, a accentué le recul de l’industrie européenne et conduit à des délocalisations d’activités, surtout pour les produits à fort contenu technologique. En 10 ans, de 1995 à 2005, la part de l’emploi industriel dans l’emploi total est passé en Europe de 21,7% à 17,7%. Si l’on s’en tient à la France, cette part a reculé dans la même période de 19,5% à 14,8%. L’indice I.n.s.e.e. de la production industrielle a progressé de 4,5% entre 1995 et 2000 mais il stagne depuis (+ 0,4%). Un mouvement d’externalisation des services explique partiellement le recul de l’industrie, souligne le rapport, ainsi que le recours de plus en plus fréquent à l’intérim, mais une industrie forte reste nécessaire car le secteur des services, en pleine évolution, dépend largement d’elle.

Il serait donc faux de penser que la désindustrialisation puisse être compensée par une spécialisation dans les services. De surcroît, il serait suicidaire de croire que l’économie nationale puisse développer ses services à l’industrie sans qu’ils soient fondés sur une forte industrie manufacturière, dont la disparition entraînerait obligatoirement celle du savoir-faire industriel et, par conséquent, des services qui lui sont attachés.
La concurrence des pays émergents –mais peut-on encore les qualifier ainsi ?- s’est considérablement accrue. La Chine est devenue le troisième exportateur mondial et ses échanges avec l’Union européenne ont doublé entre 2000 et 2005. L’Inde s’est développée dans tous les secteurs technologiques (électronique, informatique, pharmacie, biotechnologies).
Les bas coûts salariaux de ces pays sont à l’origine des délocalisations. On estime qu’en moyenne, 13 500 emplois par an auraient été délocalisés en France entre 1995 et 2001.
Le Sénat a demandé une étude au cabinet Katalyse qui considère que 200 000 emplois de services devraient être perdus au cours de la période 2006-2010 du fait des délocalisations.
A tout cela, il faut ajouter le cadre contraignant de la politique de concurrence communautaire, le contrôle des concentrations et celui des aides d’Etat. Il suffit, à ce sujet, de rappeler la décision de la Commission à propos de la fusion entre Suez et Gaz de France, autorisée à la fin de l’année 2006 par Bruxelles mais avec des conditions restrictives importantes.

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