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50 ans d’Europe un anniversaire triste ou un nouvel élan ?

Cinquante ans après le traité de Rome, la construction européenne traverse la crise la plus profonde de son histoire. Ce constat, un moment récusé par certains, mais désormais largement partagé, constitue le socle sur lequel il faudra bien bâtir la relance du projet européen. Il y a un demi-siècle, les pères fondateurs avaient voulu garantir la paix et la démocratie sur un continent divisé et lui donner les moyens d’atteindre la prospérité. Le premier objectif est à ce point réalisé qu’il n’est plus mobilisateur pour les jeunes générations. Le second reste d’autant plus d’actualité que le contexte économique n’a plus rien à voir avec ce qu’il était en 1957. Le défi auquel l’Europe fait face aujourd’hui est celui de la mondialisation : notre « vieux » continent sera-t-il pénalisé, distancé par les grandes puissances de demain, l’Amérique, la Chine, l’Inde… ou bien, au contraire, saura-t-il se régénérer pour profiter du vaste mouvement de libéralisation qui se traduit, à l’échelle de la planète, par une explosion des échanges et une création de richesses sans précédent ? Au regard de l’histoire, ce dilemme n’est pas moins considérable que celui d’il y a cinquante ans, lorsqu’il s’agissait de pacifier, de reconstruire et de résister au communisme. Mais il est moins perceptible par le citoyen, obsédé par son quotidien.

Ce dilemme, nos dirigeants n’ont pas osé le prendre de front. Ils n’ont pas su expliquer la vraie nature du défi. Il y a, pour eux, trop à perdre à alimenter les craintes qu’une remise en cause du statu quo pourrait susciter.
Résultat : on ne sait plus très bien à quoi sert l’Europe. Tantôt, elle nous est présentée comme un instrument destiné à nous mettre à l’abri de la mondialisation. Tantôt, c’est l’inverse : notre union, au départ de six pays fondateurs, maintenant de vingt-sept et au nombre final indéfini ne serait qu’un véhicule nous entraînant, malgré nous, vers un monde entièrement globalisé où notre identité serait broyée.
Il est clair que ce ne doit être ni l’un ni l’autre. Que l’Europe doit s’assumer en tant qu’acteur à part entière de la mondialisation, comme elle l’est déjà en matière commerciale. Cela implique qu’elle se dote d’institutions politiques capables de définir une stratégie mondiale pour défendre ses intérêts géopolitiques au service de ses Etats membres.
Ce cinquantenaire du traité de Rome doit être l’occasion de cesser de faire comme si rien n’avait changé. Rien n’est plus comme en 1957. L’élargissement a modifié la nature même d’un projet européen auquel les citoyens ne pourront adhérer que dans la mesure où ils prendront conscience de l’environnement compétitif qui est le nôtre.
Cela implique que l’on cesse d’avoir un discours défensif sur l’Europe, pour y voir, au contraire, un instrument indispensable de nos ambitions. Il serait bon que le débat électoral, s’il parvient à prendre de la hauteur, puisse y contribuer.
De Pierre Rousselin In Le Figaro du 23 mars 2007

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