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Quand fumer devient un délit

Bien que difficiles à distinguer des effets des pollutions ordinaires, les données existantes doivent être prises en compte. Elles l’ont été, il y a quinze ans, par les lois Evin. Or voici que, sous la pression des associations des droits des non-fumeurs, ces lois viennent d’être jugées insuffisantes. Le gouvernement s’est laissé entraîner à un nouveau texte d’interdiction aggravée, tandis que les fumeurs font l’objet, dans les médias, d’une campagne de propagande d’un infantilisme affligeant. Le premier alinéa du décret interdisant de fumer « dans tous les lieux fermés et couverts qui accueillent du public ou qui constituent des lieux de travail », étend de façon abusive des contraintes qui, admissibles dans l’espace public où l’Etat doit donner l’exemple, ne le sont pas dans l’espace privé. Il aurait été normal que les dirigeants des entreprises, restaurants, cafés ou hôtels soient invités à négocier des accords avec leur personnel.

Bref, fumer est devenu un délit. Loin de constituer un progrès, le nouveau texte consacre une succession d’échecs : de l’éducateur, du médecin, du législateur entraîné dans une fuite en avant. Il n’est plus laissé la moindre place à l’apprentissage des codes de civilité. L’exercice de la liberté doit s’arrêter là où il nuit à autrui, mais la vie en commun exige aussi de chacun qu’il consente à payer sa part de la liberté des autres. Apparemment, aux yeux du plus grand nombre, la liberté ne vaut plus un sou, et l’argument de la Sécurité sociale, qui pourrait être corrigé par l’assurance, est devenu dirimant. Avec pour idéal : zéro risque, zéro tolérance et zéro responsabilité, les idéologues du droit opposable à l’air pur nous préparent un monde irrespirable.

Alain-Gérard Slama

In Le Figaro Magazine du 3 février 2007

A voir aussi : L’inflation législative , Les lois bavardes et Les lois ne veulent plus rien dire

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