Les dernières décennies ont été celles d’un extraordianire allongement de l’espérance de vie. Grâce à la baisse de la mortalité infantile, grâce à l’amélioration de l’hygiène de vie, grâce à la prévention et à la lutte contre les infections, et surtout grâce aux progrès contre les ravages de bien des maladies chroniques, dont l’incidence et la prévalence sont elles-mêmes la rançon d’un crédit de temps de vie accru.
Mais cette évolution doit s’analyser de façon plus fine encore. Pour ne prendre qu’un exemple, si la maîtrise de la pression artérielle s’est traduite par un gain tangible en années à vivre, et à vivre sans souffrance, les premiers outils pharmacologiques ont dû s’incliner aujourd’hui devant les classes plus modernes. Celles-ci ont fait la preuve de leur capacité à prévenir non seulement les accidents à court terme, mais aussi à préserver l’avenir des malades à long terme. Et l’une des clés de cette réalité -mais ce n’est pas la seule- réside dans leurs effets sur la pression centrale.
Certes, ceci ne peut que perturber les gestionnaires des comptes sociaux et les économistes de la santé, dont la réflexion est contrainte par la discipline de l’exercice budgétaire, dans laquelle la sanction tombe, inexorable. Les médecins sont pris dans le feu de ces considérations aux attendus et aux objectifs contradictoires, et bien éloignés, parfois, de ce qui fait l’essence de leur métier et de leur vocation.
Il est un autre facteur de risque, un peu oublié peut-être, et dont la prise en compte pourrait modifier l’avenir de nos contemporains autant que l’ont fait celle de la pression artérielle ou celle de la cholestérolémie : il s’agit de la fréquence cardiaque. Témoin, certes, du tonus sympathique et de ses effets ambivalents. Mais acteur direct aussi, dans l’équation qui conduit le coronarien à l’ischémie. Un battement cardiaque par minute, lorsqu’il est en trop, tue autant qu’un millimètre de mercure en excès. On l’avait peut-être oublié. Il est temps qu’on s’en souvienne.
Ces considérations n’auraient de sens si elles ne s’accompagnaient de la perspective d’agir, et de l’espoir d’être efficace. Et ceci est vrai ici, mais aussi dans bien d’autres domaines.
Sans vouloir vainement prétendre à vaincre toutes les fatalités, il existe aujourd’hui quelques pistes pour les maîtriser.
Une autre histoire de la santé va s’ouvrir.