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Ruptures en chaîne

L’année 2007 fut placée sous le signe des ruptures, exemplaire de la dynamique de la mondialisation qui structure le XXIe siècle et qui est écartelée entre l’universalisation du marché et des technologies, d’une part, l’hétérogénéité des valeurs et l’exacerbation des identités, d’autre part. Depuis le XVIIe siècle, l’Occident a disposé d’un monopole sur les idéologies, les systèmes politiques, les organisations économiques et les technologies. Ce cycle historique prend fin et 2007 a multiplié les signes de ce basculement. Les Etats-Unis ont troqué leur statut d’hyperpuissance pour celui de grande puissance relative, confrontée comme les années 70 à une triple crise : diplomatique et stratégique, économique, politique et morale. Concurrence de puissance cultivant dictature et nationalisme, déchaînement de violence et de haine dans le monde arabo-musulman. Renouveau des utopies, des populismes et des régimes autoritaires hostiles au marché, avec pour symbole l’Amérique latine, partagée entre les modérés, rangés sous la bannière du Brésil de Lula, et le néocastrisme des émules de Chavez. Le capitalisme continue à prospérer mais le marché et la démocratie sont sur la défensive.

Réalisateur et ordinateur : voici le cinéma de demain, une « performance capture » !

« Un film, c’est le scénario contrarié par un tournage contrarié par un montage », disait François Truffaut. Ainsi, cette formule nous rappelle que le cinéma est un art de la concession, du compromis. L’américain Robert Zemeckis (Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Forrest Gump…) incarne, avec James Cameron, Steven Spielberg ou Peter Jackson, l’avant-garde technologique du cinéma. Si l’image de synthèse s’avère être la forme idéale pour générer ce nouveau cinéma, ce n’est pas dans la recherche d’un photoréalisme que réside le défi des cinéastes d’aujourd’hui, mais bien dans sa manière de concevoir une nouvelle façon de faire du cinéma. De ce fait, le cinéaste n’a pas inventé un outil à proprement parler, il a perfectionné une série d’outils et les a regroupés au sein d’un procédé, appelé la « performance capture », qui révolutionne de fond en comble la façon de faire un film. Tout d’abord, les collaborateurs du cinéaste sont chargés d’élaborer sur leurs ordinateurs les décors de l’histoire et le design des personnages. Puis vient l’utilisation de la « motion capture », technique qui consiste à recouvrir un acteur de capteurs électroniques destinés à plaquer ses moindres mouvements sur un double numérique créé par ordinateur. Cette technique, visant à accroître le réalisme comportemental de personnages virtuels, a été mise en lumière par le personnage de Gollum dans Le Seigneur des anneaux, de Peter Jackson. L’acteur de cinéma retrouve là une liberté physique inespérée et une intensité de jeu sur la durée que seul le théâtre pouvait lui procurer, puisque l’interprétation d’une séquence entière peut s’effectuer sans aucune pause. Ce n’est pas une caméra qui enregistre le travail de l’acteur, mais des centaines de capteurs placés à tous les endroits du corps. Cette performance, capturée par l’ordinateur, servira ensuite à animer les personnages créés plus tôt par les infographistes et à les faire évoluer dans les décors numériques.

Ecole : liberté de choix ?

Education, problème politique, impacts sur la société… l’école c’est la tension entre les choix individuels et les choix de société…

Le droit des parents à la liberté d’éducation de leurs enfants est une priorité « non négligeable ». En France, ce droit a l’apparence de la réalité, au moins plus qu’ailleurs en Europe. Cette réalité est-elle pour autant satisfaisante ? En particulier quand l’éducation (l’école et l’université) est considérée comme un service d’Etat ? Alors que la liberté de recrutement des enseignants est refusée aux chefs d’établissement ? Que l’enseignement catholique est contingenté à 20% des postes ? Et que les dirigeants de l’enseignement « privé » donnent l’impression d’aspirer davantage à l’aménagement du statu quo qu’à l’affirmation de leur différence ?

Euthanasie : la mort ambiguë

La loi « Fin de vie », dite loi, Leonetti, du 22 avril 2005 a été saluée pour avoir évité la légalisation de l’euthanasie. Cette loi souffre pourtant de graves ambiguïtés : la possibilité d’arrêter l’alimentation et les directives anticipées. On ne peut cesser de donner des soins à un mourant, mais celui-ci peut avoir demandé la fin de ses traitements, auxquels on associe l’alimentation et l’hydratation. La loi se soumet à la survalorisation du principe d’autonomie du malade aux dépens de la relation patient-médecin qui a toujours régi l’éthique du modèle hippocratique.

Traité de Lisbonne (octobre 2007)

L’Europe introuvable…éloignée des peuples ?

Le Traité de Lisbonne du 18 octobre 2007, dit « traité modificatif », devait « simplifier » le projet de traité constitutionnel ; En fait de simplification, il a repris les principales dispositions du projet fédéralistes autoritaire de la Convention Giscard. Si les Etats européens ont renoncé au coup d’accélérateur politique, ils n’ont pas davantage infléchi la trajectoire dans l’autre sens : Lisbonne prolonge Amsterdam et Nice. Surtout, le système de valeurs sur lequel les autorités politiques communes veulent construire le futur de la société européenne maintient l’autorité d’une Charte des droits fondamentaux qui repose sur une vision de l’homme fondée sur un individualisme extrême.

Réforme des retraites : un double bonnet d’âne

Il faudrait que les pouvoirs publics aient fait clairement la distinction entre ce qui relève de la loi et ce qui relève de la négociation collective. La retraite par répartition n’a de sens qu’au droit national ; elle relève clairement de la loi, et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 – texte à valeur constitutionnelle- dispose que la loi doit être la même pour tous : il n’y a donc aucune place pour des régimes spéciaux dans le cadre de la répartition. En revanche, les fonds de pension permettent aux entreprises de rémunérer partiellement leurs employés sous forme d’un salaire différé : cela relève de la négociation de branche et d’entreprise, qui n’est pas l’affaire des pouvoirs publics.

A quoi servent les députés ?

Pour préserver son rôle politique, le député français se mue en prestataire de services de proximité…dommage pour la République. Les assemblées parlementaires sont devenues le maillon faible du système politique. Chacun met en évidence leur «déclin» puis cette envie de « revaloriser » leur rôle. Pourtant, le député reste considéré comme l’acteur clé de la vie politique française. De plus, la décentralisation via l’essor des Régions, l’intégration européenne, l’irruption de la démocratie participative et du dialogue civil dans la politique n’ont entaché le crédit des parlementaires. Du côté des scrutins, la compétition entre les prétendants s’amplifie et la participation se maintient à un niveau très honorable.

Il ne faut pas ralentir le rythme des réformes !

Et pourtant !!! (suite du livre du mois de mars 2007)

Selon Michel Godet, il faut garder le rythme des réformes. Le Président Sarkozy court après les réformes, et les médias comme les partenaires sociaux ont de la peine à suivre un président qui est sur tous les fronts à la fois et en ouvre de nouveaux (régimes spéciaux, statut des fonctionnaires) quand la volonté de réforme rencontre un obstacle. Fort de ses premiers succès extérieurs (traité simplifié européen, libération des infirmières bulgares), on pouvait profiter de l’Etat de grâce et tenir les promesses du candidat : on allait réformer l’université, instaurer le service minimum dans les services publics et réduire le train de vie de l’Etat en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Les syndicats s’inquiètent…les réformes, il veut, il peut, il va les faire ! on va bientôt savoir si la détermination du président l’emporte sur celle des grévistes.

Productivité : la France bien classée…oui mais…

Durant une période de quatre ans, de 2003 à 2006, des experts en mangement attachés au cabinet londonien Proudfoot Consulting ont mené une enquête sur la productivité de 250 entreprises dans 38 pays. Les résultats bruts placent la France en tête de la productivité, suivie de l’Australie et des Etats-Unis. Une nuance est à noter : d’une année à l’autre la performance française se dégrade. Les consultants anglais soulignent que « depuis 2003, on note une augmentation notoire du temps de travail improductif en France. » Il ne s’agit pas de vilipender encore les 35 heures, mais bien de mesurer le temps perdu au sein de l’entreprise.

Continuer l’Histoire

d’Hubert Védrine

C’est un essai alerte et irrité. Le résultat d’un long travail mélangeant réflecion personnelle, de lectures et d’entretiens avec nombre d’experts. « la France doit-elle changer de posture, d’idées face à la mondialisation ? » telle est la question centrale du livre de l’ancien secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand devenu Ministre des Affaires étrangères sous la cohabitation Chirac-Jospin. Pour lui les occidentaux ont cur trop vite qu’ils avaient gagné la bataille de l’Histoire et que leurs valeurs s’imposeraient partout. Les Américains se cognent à la douleur de la puissance relative et les Européens ont du mal à sortir de l’ingénuité. En lieux et place d’une communauté internationale c’est un monde violent et instable qui émerge, bien plus hasardeux encore que les tentatives de descriptions multipolaires.