l’Europe marginalisée
Les Relations Union Européenne- Russie- Etats-Unis excluent de plus en plus l’Europe Aujourd’hui, les relations entre l’Union européenne, la Russie et les Etats-Unis reposent, d’après Thomas Gomart, sur l’équation suivante : « vigueur de l’action américaine en Europe et aux marches de la Russie + durcissement intérieur et extérieur de la politique du Kremlin = marginalisation de l’UE ». D’après le directeur du centre Russie/Nouveaux états indépendants à l’Institut français des relations internationales (IFRI), l’Union européenne n’a pas su « anticiper le retour des logiques de puissance observées depuis le début de ce siècle ». Sous George W. Bush, l’Amérique a choisi « une voie très éloignée du soft power cher aux Européens ».
Tchétchénie : Actualité et Devenir…et toujours la Russie
Ramzan Kadyrov n’est pas seul maître à bord à Grozny, loin de là. Grâce aux moyens financiers substantiels dont il dispose, il est capable d’améliorer le quotidien matériel de ses concitoyens ; mais son influence politique et militaire locale demeure minime. Sa présence au pouvoir réside dans sa capacité à entretenir le statu quo sur le terrain, il ne décide pas des grandes orientations.
Encore sur la Russie
La Russie conditionne une bonne part du projet européen par son influence énergétique, politique et stratégique. Désormais, elle est sortie de la logique d’assistance dans laquelle l’Union européenne l’a longtemps enfermée. Cette logique valorisait l’Europe mais était inadaptée à un pays qui affiche aujourd’hui la troisième réserve mondiale de changes et des ambitions internationales. Selon Thomas Gomart, cette relation « ne peut plus être envisagée sous le prisme étroit de l’APC (Accord de partenariat et de coopération), du « dialogue énergétique » ou des « quatre espaces », c’est-à-dire sous le seul prisme des mécanismes institutionnels et des sommets semestriels ». Il poursuit en notant l’urgence de « reconnecter la politique russe de l’Union européenne aux enjeux régionaux (impact sur le voisinage commun), transatlantiques (impact sur la sécurité européenne, qui continue à dépendre du degré et de la nature de l’implication américaine) et globaux (impact sur l’Asie centrale et les échanges avec la Chine, l’Inde ou l’Iran) ». Cependant, l’Union européenne ne doit pas choisir entre les Etats-Unis et la Russie mais « éviter que ces deux pays ne choisissent pour elle ». Sans verser dans une vision simpliste de « condominium » ou de « retour de la guerre froide », Thomas Gomart poursuit en soulignant que «l’Union européenne doit s’adapter aux conséquences des logiques de puissance.
La guerre des gauches
Cette gauche de la gauche, comme ils aiment à se qualifier, a le vent en poupe. Dans toute l’Europe continentale, en effet, la globalisation libérale entraîne un accroissement des inégalités, et une prolétarisation d’une partie de la classe moyenne qui bascule dans la contestation radicale du « système ».
La fin du mariage ?
Les derniers chiffres sur la démographie française en 2007, publiés le 15 janvier par l’Insee, placent la France en tête des pays européens en matière de taux de fécondité avec 1,98 enfant par femme. Notre pays tient tête pour la deuxième année consécutive à l’Irlande. Jean-Philippe Cotis, directeur général de l’Insee, qualifie la France de «îlot de fécondité ». Gérard-François Dumont, géographe, professeur à l’université Paris-IV, tempère en indiquant que « nous restons encore en dessous du seuil de renouvellement des générations, qui est de 2,1 enfants par femme ». Et de rajouter que « par ailleurs, il faut savoir que ce chiffre tient surtout à la fécondité des femmes des Dom-Tom et de celles issues de l’immigration. Néanmoins, un tel taux de fécondité prouve l’importance de la politique familiale menée en France. En comparaison, dans les pays de l’Est où de telles aides sont quasi inexistantes, les taux de fécondité sont très faibles ; même la très catholique Pologne ne dépasse pas les 1,3 enfant par femme. » Les Français ont le taux de fécondité le moins bas en Europe, mais la majorité des naissances a lieu désormais hors mariage.
La fracture identitaire
Yvan Rioufol dit dans son bloc-notes au Figaro tout ce qui ne se dit pas. Son livre est bien dans l’esprit de ses chroniques : il parle tout haut de la fracture identitaire qui ébranle tout bas le fragile équilibre de la nation héritière d’une vieille histoire partagée. Aïe ! I »dentitaire », « nation » ! Aïe, aïe, aïe !!! Et bien non. Comme à son habitude la plume brillante d’Yvan Rioufol traite d’un sujet épineux avec une classe intellectuelle qui réveille nos consciences de citoyens et nos envies d’appartenir à un destin qui nous dépasse et nous réunit. Il démontre que poser la question du destin collectif de la nation n’est pas dégradant et qu’on doit pouvoir le faire autrement qu’en se bouchant le nez. Nos hommes politiques doivent poser les règles claires de gestion de l’hétérogénéité culturelle tout en offrant aux nationaux une continuité historique dans laquelle ils pourraient continuer de s’inscrire. On doit pouvoir aimer la France sans honte pour en faire la patrie d’adoption des nouveaux venus…
Une allégorie des Temps Modernes
« Au village, dit le prof Jean Piat, il y avait le maire, le curé, l’instituteur : le dieu de la cité, le dieu des âmes, le dieu des esprits.
"Politique internationale" automne 2007
Plus la violence se généralise, se diversifie, plus la petite flamme vacillante de la Morale et des droits de l’Homme devient précieuse De ce fait, la Rédaction de Politique Internationale a souhaité donner la parole à des hommes et à des femmes qui, armés de leurs seuls principes, traquent, dénoncent ou font reculer les mille et une variétés de la barbarie. Ainsi, l’aphorisme pascalien « La justice sans la force est impuissante, mais la force sans la justice est tyrannique » prend tout son sens sous la plume de ces observateurs du monde : le Dalaï- Lama, Carla Del Ponte (procureur du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) et Irene Khan (secrétaire général d’Amnesty International).
L’affaire de la Sapienza : le retournement
Le laïcisme déchaîné qui secoue nos pays de vieille chrétienté serait-il en train de montrer malgré lui sa misère ? L’annulation par le pape Benoît XVI de sa visite à la prestigieuse université romaine de la Sapienza, suite à l’agitation d’une frange contestataire, a eu l’effet inverse de ce que cette frange escomptait. Le recteur de la Sapienza, université fondée en 1303 par le pape Boniface VII mais aujourd’hui sans étiquette confessionnelle, avait convié Benoît XVI à prononcer le 17 janvier, devant les étudiants, un discours sur le thème de la peine de mort. Dans l’établissement qui compte cent cinquante mille étudiants et cinq mille professeurs, un petit groupe de deux cents personnes, professeurs et étudiants confondus, s’opposa violemment à la visite prévue, au prétexte de la laïcité. L’immense majorité des autres n’entendait pas céder à leurs menaces. Constatant néanmoins « l’absence des conditions nécessaires à un accueil digne et tranquille », Benoît XVI fit savoir le 15 janvier qu’il renonçait à se rendre à la Sapienza.
Nouveau regard sur la société française
de Michel Crozier, avec Bruno Tilliette
Michel Crozier est le fondateur du centre de sociologie des organisations du CNRS, il est membre de l’académie des sciences morales et politiques. Brunon Tilliette est sociologue.
C’est une autobiographie intellectuelle qui nous amène à connaître ce personnage atypique. Il est certainement à Bourdieu ce que Aron était à Sartre. Il y rappelle les valeurs qui ont toujours guidé son travail : la liberté, la responsabilité, la connaissance et le travail. Il se définit comme un « libéral au sens du 18ème siècle et au sens américain du terme » et se situant dans « une tradition fraçaise du gauchisme en parole et du conservatisme en réalité ». Mais pourquoi ce livre et pourquoi Michel Crozier ? C’est Bruno Tilliette son interlocuteur qui donne une réponse mûrement réfléchie : parce que (en) » nous disant ce à quoi il croit, Michel Crozier ne nous dit surtout pas ce qu’il faut penser, mais il tente par l’exemple, de nous montrer comment essayer de pense par nous-mêmes, comment trouver des repères dans un monde opaque et troublé, dans une société moderne que sa complexité rend confuse ».