Encore sur la Russie
La Russie conditionne une bonne part du projet européen par son influence énergétique, politique et stratégique. Désormais, elle est sortie de la logique d’assistance dans laquelle l’Union européenne l’a longtemps enfermée. Cette logique valorisait l’Europe mais était inadaptée à un pays qui affiche aujourd’hui la troisième réserve mondiale de changes et des ambitions internationales. Selon Thomas Gomart, cette relation « ne peut plus être envisagée sous le prisme étroit de l’APC (Accord de partenariat et de coopération), du « dialogue énergétique » ou des « quatre espaces », c’est-à-dire sous le seul prisme des mécanismes institutionnels et des sommets semestriels ». Il poursuit en notant l’urgence de « reconnecter la politique russe de l’Union européenne aux enjeux régionaux (impact sur le voisinage commun), transatlantiques (impact sur la sécurité européenne, qui continue à dépendre du degré et de la nature de l’implication américaine) et globaux (impact sur l’Asie centrale et les échanges avec la Chine, l’Inde ou l’Iran) ». Cependant, l’Union européenne ne doit pas choisir entre les Etats-Unis et la Russie mais « éviter que ces deux pays ne choisissent pour elle ». Sans verser dans une vision simpliste de « condominium » ou de « retour de la guerre froide », Thomas Gomart poursuit en soulignant que «l’Union européenne doit s’adapter aux conséquences des logiques de puissance.