La face cachée des Organisations Non Gouvernementales (I)
Au-delà des échecs rencontrés en matière de développement, le rôle positif des ONG du Nord et du Sud ne paraît pas évident en matière de démocratisation de pays dont elles contribuent à affaiblir les appareils étatiques. Il est tout aussi probable que les progrès observés sur le terrain ou dans les enceintes internationales résultent plutôt d’un concours de circonstances. Souvent citée comme un grand succès du lobbying des ONG, la campagne de plaidoyer contre les mines antipersonnel est à cet égard emblématique. Sa réussite ne tient pas seulement à l’intelligence d’associations qui se sont concentrées exclusivement sur les mines et qui ont su éviter de se disperser dans des demandes de négociations plus globales concernant l’arme nucléaire ou le désarmement. Lancée en 1992, elle doit beaucoup à des fenêtres d’opportunité d’ordre conjoncturel et structurel : des changements de gouvernement en France et en Grande-Bretagne qui ont permis de vaincre les réticences des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ; les hésitations des Etats-Unis qui, par contrecoup, ont convaincu des pays non alignés et traditionnellement opposés à la politique américaine ; le désintérêt des militaires et de l’industrie de la défense, pour lesquels les mines n’étaient pas vraiment une arme utile et un marché porteur, ni même rentable…